Aujourd'hui c'est le 21 mars, pour fêter ce jour nous publions un article paru dans la presse nationale le 21 mars 1995.
C'est réconfortant de se sentir soutenu.
Nous on a apprécié le passage où Strauss Kahn est sans appel.........
Article du journal Libération du 21/03/1995
Les socialistes se démarquent de l'encombrant Mellick
DELY Renaud
En pleine campagne présidentielle, les démêlés judiciaires de Jacques Mellick tombent plutôt mal pour le PS. Les proches du candidat Jospin ont réagi vigoureusement, Dominique Srauss-Kahn réclamant même la mise en congé de parti du député-maire de Béthune. La direction du PS, quant à elle, préfère prendre le temps de la réflexion avant de trancher.
Si «avec Lionel Jospin, c'est clair», avec Jacques Mellick, ça l'est beaucoup moins... Le faux témoignage d'un ancien ministre socialiste, de surcroît toujours parlementaire et membre du conseil national du PS, fait un peu désordre dans la campagne de Lionel Jospin. Surtout quand l'ancien Premier secrétaire joue la «transparence» et mise sur une image d'homme intègre. Aussi, avant d'avoir été mis en cause par la droite, les porte-parole du candidat socialiste ont pris les devants.
L'ancien ministre de l'Industrie, Dominique Strauss-Kahn, a estimé hier sur RMC que Jacques Mellick «devrait lui-même se mettre en congé du Parti socialiste et attendre que la justice ait tranché pour reprendre ou non ses activités». «Il faut en effet démarquer le parti, la maison collective de l'action individuelle», a expliqué Dominique Strauss-Kahn. La veille, Martine Aubry déclarait sur TF1 que le PS «doit tirer toutes les conséquences» de l'affaire Mellick. «C'est inacceptable de mentir à la justice, et ça l'est plus encore quand on est un homme politique», ajoutait l'ancien ministre du Travail.
Sur la même longueur d'ondes, Elisabeth Guigou qualifiait ce week-end d'«inadmissibles» les «mensonges de Jacques Mellick». «Si les actes, les valeurs et les mots ont encore un sens, ajoutait le rocardien Louis Le Pensec, député du Finistère, le comportement de Jacques Mellick n'est pas seulement condamnable, il n'est pas digne d'un représentant du peuple.»
«Nous cherchons à comprendre»
La direction du PS s'est montrée plus prudente, en tout cas franchement embarassée. En attendant de mettre éventuellement en quarantaine le «révolutionnaire» béthunois, la Rue de Solférino marche sur des oeufs. «Notre réflexe premier n'est pas d'en rajouter. Nous cherchons à comprendre», a déclaré hier Jean Glavany, le porte-parole du PS. «Nous voulons savoir ce qui s'est passé et pourquoi il a fait ça avant de nous prononcer. (...) Un de nos amis, et non des moindres puisqu'il est parlementaire et qu'il a été ministre, a commis une faute et l'a avouée. C'est lui, pour l'instant, qui en paye le prix fort», a conclu Jean Glavany.
Cette prudence inquiète les partisans de Lionel Jospin. Certes, ils auront beau jeu de rappeler que Jacques Mellick n'a jamais fait partie de l'entourage de l'ancien ministre de l'Education. Proche de Laurent Fabius, le député-maire de Béthune avait même soutenu Henri Emmanuelli contre Lionel Jospin lors de la désignation du candidat socialiste. Il n'empêche qu'au moment où les affaires semblaient repasser à droite, les déboires de l'ancien ministre de la Mer risquent de coller aux semelles du candidat Jospin comme le sparadrap aux doigts du capitaine Haddock. «Le Parti socialiste a déjà fait une fois dans le passé l'erreur de ne pas vouloir tenir compte d'une situation analogue je pense à Jean-Michel Boucheron, le maire d'Angoulême. Il en a porté les conséquences pendant assez longtemps», a prévenu hier Dominique Strauss-Kahn. L'occasion pour Lionel Jospin, comme il l'évoque parfois timidement, d'illustrer la rupture avec un culte de l'amitié et une certaine pratique du pouvoir tout mitterrandiens.
Renaud DELY