Qui ne se souvient de l'ancien ministre fabiusien des gouvernements Rocard, Cresson, puis Bérégovoy, devenu célèbre en 1995 en avouant, après son arrestation par la police, avoir menti à la justice pendant deux ans au profit de Bernard Tapie dans l'affaire du match truqué VA-OM? Au terme d'une rocambolesque enquête sur son emploi du temps, Mellick-Fangio fit s'esclaffer la France entière en affirmant avoir effectué le trajet Paris-Béthune en à peine plus d'une heure. Et parmi les 27 800 Béthunois, beaucoup, humiliés, se mirent à rire jaune en découvrant que leur petite sous-préfecture du Pas-de-Calais était devenu aussi réputé que Tripoli... en tant que «capitale de l'alibi»!
Non sans humour, l'une de ses armes favorites, Mellick vient de publier chez Calmann-Lévy Excès de vitesse!, un livre confession visant à redorer son image. «C'est un instrument de reconquête de la ville!» lance Jean-Pierre Chruszez, radical de gauche et l'un des plus fidèles compagnons de Mellick. Ses partisans trépignent, ses adversaires s'angoissent. C'est que, malgré toutes les casseroles accumulées, le puissant roitelet de Béthune conserve son charisme et son punch, prêt à réactiver son réseau clientéliste.
Pour ce qui est de se présenter aux municipales, c'est plus complexe. Vendredi 22 décembre, le tribunal de grande instance de Valenciennes a refusé de lever l'inéligibilité de l'ancien maire de Béthune, l'empêchant de s'inscrire sur les listes électorales avant la clôture, le 31 décembre. Or, Mellick doit être électeur en France pour être candidat. Pour ses proches, aucun doute: Mellick sera éligible à partir du 9 janvier et obtiendra du juge d'instance une inscription hors délai sur les listes électorales. Mais, à la mairie de Béthune, on laisse entendre que son inéligibilité pourrait être prolongée, en raison de la lenteur de la Cour de cassation à enregistrer le retrait de son pourvoi, en 1996. Une hypothèse à laquelle l'intéressé ne croit pas. Si la justice lui laisse le choix, décidera-t-il d'être candidat? Il en a souvent envie, mais ne veut pas trop le montrer. «A 59 ans, confie-t-il à L'Express, j'ai découvert d'autres plaisirs. J'ai retrouvé une activité professionnelle, à l'étranger, où je monte des opérations d'urbanisme [pour une société dont il refuse de donner le nom et même la nationalité]. J'ai laissé tomber la revanche. Il n'y a ni haine ni règlement de comptes. Ayant été réélu en 1995, en pleine tempête médiatico-judiciaire, je n'ai pas besoin de réhabilitation.»
Certes, mais la vengeance est pourtant un plat qui se mange froid. Au terme des 218 pages de son livre, un peu comme les staliniens, qui effaçaient les trotskistes des photos officielles, il parvient à ne jamais citer le nom du député socialiste Bernard Seux, 53 ans, qui fut pourtant son fidèle premier adjoint - et maire par intérim - de 1977 à 1996, avant de remporter la mairie, en décembre 1997, contre le candidat investi par le PS et soutenu par Mellick.
Si l'ancien ministre n'y va pas, il soutiendra cette fois Daniel Boys, 57 ans, professeur de biologie. «Je mettrai le paquet pour l'aider», tient à préciser Mellick. Mais aucun des trois ne pourra se prévaloir du soutien du parti. Renforçant l'originalité de la plus marseillaise des communes du nord de la France, Béthune restera la seule ville de plus de 20 000 habitants où le PS n'a pas de candidat officiel. C'est dire si la guerre fratricide que se livrent les socialistes dans cette ville embarrasse François Hollande et son équipe. «Seul Mellick représente un mythe, souligne Boys. Les Béthunois regrettent l'époque où, grâce à lui, la ville se développait.» La publication de son livre, avant tout consacré à l'affaire Tapie, à cinq mois de l'élection n'est pas un hasard. Il a perdu une partie de ses troupes après ses aveux, l'arrogance dont il a fait preuve devant les magistrats et ses deux condamnations à des peines de prison avec sursis. Cela lui vaudra, le 28 mars 1998, son exclusion du Grand Orient de France par la chambre suprême de justice maçonnique.
Retour au 17 mars 1995, au tribunal correctionnel de Valenciennes. Corinne Krajewski, attachée parlementaire de Jacques Mellick, vient de révéler qu'elle n'était pas le 17 juin 1993 dans le bureau parisien de Bernard Tapie avec son patron, et que c'est ce dernier qui l'a incitée à faire un faux témoignage. «Je suis d'abord un révolutionnaire», avance alors Mellick, évoquant l'aide qu'il aurait apportée aux «mouvements révolutionnaires d'Afrique du Nord dans leur lutte contre le colonialisme». Se lance-t-il dans une défense de rupture, pareille à celle des terroristes de l'ultragauche? Puis, avant de reconnaître qu'il sait, depuis la veille, que Krajewski reviendra sur son témoignage, il donne cette explication, entachée de goujaterie: «Elle a eu une grossesse difficile, d'énormes problèmes psychologiques.» C'était un «traquenard», monté pour me prendre «la main dans le pot de confiture», commente-t-il aujourd'hui, pour faire oublier son comportement choquant.
Deux semaines plus tard, Mellick se retrouve à nouveau devant le tribunal correctionnel, à Béthune cette fois, afin d'être jugé en flagrant délit pour subornation de témoin. Devant le palais de justice, il arrive entouré de nombreux supporters, au premier rang desquels Daniel Boys et... Bernard Seux, dont la présence montre combien il a tardé à prendre ses distances avec Mellick. Tragique journée pour Corinne Krajewski, où, après avoir confirmé ses accusations contre son ex-patron, elle descend les marches du palais sous une pluie serrée d'insultes: «Pétasse! Connasse! Salope! Va te faire foutre! Tu es la honte de Béthune! Tu n'es même pas socialiste!» aboie la meute d'adeptes mellickiens. Elle fond en larmes. Et Jean-Marie Krajewski, 4e vice-président socialiste du conseil général du Pas-de-Calais, de redouter le pire après avoir assisté, écoeuré, au «lynchage» de sa fille.
Pas un mot de ces débordements - spontanés? - dans le livre de Mellick, qui préfère crier à l'erreur judiciaire. Bien qu'ayant reconnu s'être rendu trois fois au domicile de Corinne Krajewski, alors que ce n'était pas son habitude, à la veille du procès de Valenciennes, il nie farouchement la subornation de témoin. Les magistrats de la cour d'appel de Douai concluront pourtant: «Ses allusions à l'emploi du mari de Corinne Krajewski [contractuel à la mairie de Béthune] étaient suffisamment significatives pour être comprises comme une ?menace déguisée? et, à tout le moins, comme un encouragement à persister dans le mensonge.» Mellick ne voit pas pourquoi un subordonné serait enclin à accepter une demande de son patron. Selon lui, quand il propose à Corinne Krajewski, alors qu'il est son employeur, de soutenir son alibi en faveur de Tapie, elle était totalement libre: «Ce n'est pas une débile mentale, je ne l'ai pas menacée, explique-t-il à L'Express. De même, quand Bernard m'a demandé de l'aider, j'aurais pu dire non.»
Mellick justifie toujours son faux témoignage par le respect de la «parole donnée» à Tapie, en raison des emplois sauvés chez Testut pour des Béthunois. Mais il ajoute, aujourd'hui, qu'il ne serait pas allé si loin dans le mensonge s'il n'avait pas subi d'énormes pressions de Jacques Pilhan, conseiller en communication de François Mitterrand, et de François de Grossouvre, président du Comité des chasses présidentielles... précisant au passage que Tapie n'y est pas pour rien. Mitterrand, Pilhan et Grossouvre ne sont plus là pour confirmer ou démentir. «Fais-moi confiance, on va les baiser! Je ne te ferai citer comme témoin qu'au moment du procès. Ils n'y verront que du feu», aurait dit Tapie, selon Mellick. Ce dernier, c'est flagrant, l'a, dans son livre, très chaudement habillé pour l'hiver. Tapie a répliqué à son «ami», sur le plateau de Thierry Ardisson: «Mellick raconte une histoire et a fini par y croire.»
Mellick a brûlé son mentor. Il l'aimait bien, pourtant, Tapie. Au point de singer l'homme d'affaires en intitulant sa candidature aux législatives de 1993 «Energie Mellick». «Tapie et moi menons un même combat: changer la vie pour que les gens ne se laissent par charmer par les sirènes de l'extrême droite.» Dans sa section socialiste, dite «Copernic», on rencontre cependant de singuliers militants. Comme Dimitri Delepierre, 37 ans, chômeur et quatre enfants. Il a adhéré au PS il y quatre ans, alors qu'il était membre du PC. «C'était avant les élections de 1997, raconte-t-il. J'ai rencontré dans un bar un gars qui recrutait pour distribuer des tracts FN à 500 francs la journée. Je n'ai pas hésité.» Et cela dérangeait-il cet homme de diffuser les idées de Jean-Marie Le Pen? «Pas du tout, du moment que le pognon rentrait.»
Mais le petit job ne lui a pas porté chance: on lui a demandé de remplir un formulaire, prétendument pour se faire payer... Quelle n'a pas été sa surprise de découvrir son nom sur la liste Front national! Et de constater que plusieurs autres camarades socialistes de la section Copernic y figuraient également! «Mellick m'a immédiatement demandé de faire un démenti en mairie», confie Delepierre. «Je n'ai jamais entendu parler de cela, affirme aujourd'hui l'ancien ministre. Il est impossible qu'il y ait eu des membres du PS sur une liste FN.» A croire que Mellick n'assume pas cette part sombre de sa section socialiste.
«Plus Mellick grimpait dans les cimes du pouvoir, plus il disjonctait», soutient Paul-Marie Queste, 45 ans, adjoint au maire actuel. Et Bruno Dubout, 42 ans, avocat et lui aussi adjoint du maire socialiste dissident, précise: «Il a pété les plombs en devenant ministre en 1988, alors qu'auparavant j'ai travaillé avec lui avec beaucoup de plaisir.» Ce sont les communistes qui, les premiers, ont dénoncé les dérives du système Mellick. Le principe? Augmenter sans cesse le nombre de Béthunois redevables envers le maire, surtout en distribuant des emplois municipaux précaires, comme des CES. Et gare à ceux qui ne renvoient pas l'ascenseur!
«Monsieur, à ma demande, le bureau d'aide sociale vous soutient, en vous attribuant un maximum de secours, écrit Jacques Mellick à un Béthunois, le 5 septembre 1987. Surprise! Je viens de constater que vous n'exercez pas votre devoir de citoyen et votre droit de vote. Je pense qu'il s'agit d'un oubli malheureux et que, lors des prochaines consultations électorales, vous serez un citoyen à part entière. Aussi, je vous invite à vous présenter à la mairie de Béthune, le plus rapidement possible, muni de cette lettre et d'une pièce d'identité.» Ce courrier ne constitue pas du tout, selon Mellick, une pression: «Je n'ai jamais menacé de supprimer une aide.»
Manifestement, la sérénité ne règne pas toujours autour des urnes béthunoises. Bernard Seux a fait établir un procès-verbal par l'huissier de justice Nathalie Delannoy-Carnel le 14 décembre 1997, jour du second tour de l'élection municipale partielle. Celle-ci indique avoir recueilli les témoignages d'habitants d'un bâtiment de l'avenue de Bruxelles qui auraient reçu la visite de deux jeunes femmes déclarant travailler pour Mellick et proposant de les véhiculer jusqu'au bureau de vote. Quant à la présidente du bureau de vote de l'école Charlemagne, elle révèle qu'un incident, noté dans le PV, est intervenu à 15 h 55, quand l'épouse de Mellick a accompagné une dame âgée dans l'isoloir en tirant le rideau derrière elles. «Elle l'a accompagnée jusque dans l'urne, ironise Jacques Mellick, en éclatant de rire. Cette accusation est d'une telle médiocrité!»
L'ancien empereur du Béthunois aurait-il pratiqué la politique de la terre brûlée, après la défaite de son poulain, en décembre 1997? La lecture d'une ordonnance du juge d'instruction Olivier Janson, datée du 31 août 2000, jette un froid. Cinq incendies, vraisemblablement criminels, ont en effet ravagé des bâtiment communaux, pour la plupart, quelques jours après l'élection. Jacques Mellick a alors été placé sur écoutes téléphoniques. Extrait du compte rendu du 12 janvier 1998: lorsque Valérie X. lui parle d'une rumeur selon laquelle «C'est nous qui avons mis le feu», Mellick répond: «Ah oui? Et puis, c'est vrai, c'est nos gars à nous.» A Pascal Y., l'interrogeant sur ce même bruit qui court la ville, Mellick indique: «C'est des gens à moi.» A un troisième interlocuteur, travaillant à la Communauté du Béthunois, Mellick confie: «J'avais oublié de te dire que j'avais mis le feu... Ça va commencer, le quartier a flambé. Au Mont-Liébaut... Ben, j'ai des équipes à moi qui commencent à foutre le bordel, quoi... Je peux pas les arrêter. Avant, quand il y avait un maire et qu'il y avait quelqu'un qui avait de l'autorité sur les gens, ça allait bien...» Interrogé sur ces PV d'écoutes téléphoniques, Mellick assure qu'il faut prendre tous ses propos au second degré, que, ce jour-là, il a voulu s'amuser: «Il faut avoir de l'humour dans la vie!»
Trouve-t-il cette autre accusation comique? Deux jeunes femmes, employées municipales de Béthune, viennent de se libérer d'un lourd secret, qu'elles gardent depuis trois ans. L'une et l'autre ont confié à L'Express avoir fait le ménage à l'une des adresses privées de Jacques Mellick, sur leur horaire de la mairie. Sandrine, 29 ans, et Chantal, 43 ans, précisent qu'il s'agit du logement où résidait la mère de l'ancien député maire, à Verdrel, à quelques kilomètres de Béthune. «C'était généralement le chauffeur de Mellick qui nous emmenait, et nous restions deux heures, précise Sandrine. J'ai dû y aller au moins une fois par mois pendant trois années.» «Nous prenions des produits d'entretien de la mairie», ajoute Chantal. «Mellick était souvent présent, poursuit Sandrine. Devant moi, il donnait un billet de 100 francs à son chauffeur en disant: ?C'est pour vous deux.? Et j'ai toujours eu la moitié.» Interrogé sur le fait que des employées communales aient pu aller faire le ménage à l'une de ses adresses privées sur leur temps de travail, l'ancien député maire assure: «C'est totalement faux. On ne m'avait encore jamais parlé de cela.» Mellick aurait pu être poursuivi pour prise illégale d'intérêts... si les faits ne remontaient pas à plus de trois ans et n'étaient donc pas prescrits.
L'ancien ministre n'en a pourtant pas fini avec la justice, lui qui se dit victime de l' «obstination» du procureur de Béthune, avec plusieurs mises en examen. Notamment en mai 2000, pour faux en écriture publique. Il s'agit d'une convention signée avec la Cofracib, une société de promotion immobilière des Hauts-de-Seine, par Jacques Mellick en tant que maire, avec un tampon daté du 1er juillet 1993, alors qu'à cette date c'est Bernard Seux qui occupe le poste, Mellick étant frappé par le cumul des mandats. Conformément au Code pénal, l'information judiciaire a été ouverte pour crime. «C'est farfelu, soutient Mellick, car j'ai signé en fait en novembre 1995, alors que j'étais redevenu maire. Cette affaire ne peut se terminer que par un non-lieu.» Etonnant que cette convention ait pu traîner deux ans sans être signée, alors qu'elle permettait à la commune de récupérer 2,55 millions de francs auprès de la Cofracib, qui avait renoncé à acheter un bar-bowling à la ville. Par ailleurs, la société, qui exploite désormais depuis 1993 ce bar-bowling béthunois, n'a bizarrement jamais payé un centime du loyer annuel, fixé à 452 000 francs par la commune. «J'assume mes responsabilités, soupire l'ancien ministre. Mais je ne savais pas que le maire devait lui-même réclamer les loyers.» La chambre régionale des comptes s'est chargée de le lui rappeler en avril 2000, en engageant des poursuites contre lui, ainsi qu'à l'encontre de ses deux successeurs.
«Vous savez ce que j'en pense, de la justice? Je m'en fous!» déclare Mellick à un huissier venant vérifier la régularité de l'élection municipale de 1997. L'ancien député maire faisait le fier, alors que ses deux condamnations en correctionnelle l'ont profondément blessé. Pas les peines de prison avec sursis ni l'inéligibilité, bien qu'il juge inadmissible que les magistrats puissent priver les électeurs du candidat de leur choix. C'est surtout la privation de ses droits civils et familiaux qui l'a mortifié, révélant la face sensible de cet enfant unique et longtemps gâté: «J'ai eu l'impression d'être banni dans la profondeur de l'homme; si mon fils Jacques et ma belle-fille avaient disparu dans un accident, je n'aurais pas eu le droit de m'occuper de mes petits-enfants!»
S'il se sent victime de la justice des hommes, il ne se plaint pas de celle de son parti - il serait ingrat. Alors qu'un Jean-Marie Le Guen a dû abandonner son poste de patron de la fédération socialiste de Paris, après sa mise en examen, Jacques Mellick a bénéficié d'un traitement de faveur. S'il a été contraint de quitter ses fonctions au conseil national du PS en mars 1995, au lendemain de la calamiteuse audience au tribunal de Valenciennes, il n'a rien subi de tel dans sa fédération du Pas-de-Calais (particulièrement puissante, puisqu'elle «pèse» 12% des socialistes français, quand le département détient 2,3% de la population nationale!): il a pu garder le poste clef de trésorier jusqu'en novembre 1997, une fonction qu'il aura occupée pendant près de vingt ans, en bon Shadock de la pompe à phynances. Nombre de socialistes soutiennent, mais sans apporter de preuves, qu'il a gardé des secrets compromettants, qui expliqueraient ce cri du coeur attribué à Daniel Percheron, ancien chef de la fédération: «Si Mellick tombe, il entraînera la nappe et le couvert!»
L'ancien ministre se vante d'avoir reçu le soutien chaleureux, longtemps après ses condamnations judiciaires, de dirigeants nationaux, au premier rang desquels figurent Laurent Fabius et Julien Dray. Le nouveau leader des socialistes du Pas-de-Calais, Serge Janquin, premier questeur de l'Assemblée nationale, continue de traiter avec beaucoup d'égards Mellick malgré sa «faute inexplicable et impardonnable», alors qu'il ne mâche pas ses mots à l'encontre de Bernard Seux, dissident dans sa région, bien que membre de droit du conseil national du PS, violemment accusé de «jouer sans cesse de la rumeur, de la délation, du soupçon».
Le succès de Mellick vient de la crainte ou de l'admiration qu'il a su inspirer. Le maire bâtisseur de Béthune a acquis sa popularité sous les habits d'un Robin des bois. Il raconte avec jubilation comment, en 1987, il a envoyé, à la demande d'un responsable syndical, les services techniques de la mairie voler les stocks de blazers en cachemire d'une entreprise locale en dépôt de bilan, pour peser sur la «machine à broyer judiciaire». Il se présente encore en combattant de la «juste cause» - dont il est seul juge? - décidé à «changer l'ordre des choses par tous les moyens». Un «révolutionnaire» pour qui la fin justifie les moyens, ce qui autorise toutes les dérives, à commencer par les arrangements avec la loi et la vérité. «Mais suis-je encore fait pour la politique?» s'interroge Jacques Mellick. Bonne question.